La cécidomyie du chou-fleur continue de constituer une menace importante pour la production de canola en Ontario. En se fondant sur l’expérience des fermiers avec le ravageur et sur la difficulté de contrôler la cécidomyie du chou-fleur uniquement grâce aux applications d’insecticides, il est clair que de multiples tactiques sont nécessaires pour réussir à gérer la cécidomyie du chou-fleur. Les insectes bénéfiques qui parasitent la cécidomyie du chou-fleur peuvent être utiles pour lutter contre le ravageur. La connaissance de la présence et de l’activité des parasitoïdes mènera à des stratégies plus raffinées de lutte intégrée contre les ravageurs.
Une enquête sur le colza en Europe de 2008 à 2011 a permis d’identifier certains insectes bénéfiques potentiels, notamment la guêpe parasitoïde Synopeas myles (Figure 1). Des échantillonnages en Ontario, menés par l’équipe de recherche de Dr Rebecca Hallett à l’Université de Guelph, ont montré que cet insecte est également présent en Ontario.
En 2016, l’échantillonnage des insectes bénéfiques qui parasitent la cécidomyie du chou-fleur a été entrepris. La recherche était initialement concentrée près de Shelburne / Orangeville, car c’est l’une des premières zones où l’on a trouvé la cécidomyie du chou-fleur. Dès lors, elle est devenue un problème chaque année dans ce secteur, ce qui fait de cette région un endroit propice à la découverte d’insectes bénéfiques. L’échantillonnage a été effectué à quatre sites près de Shelburne / Orangeville en 2016, et des sites près de Meaford et d’Elora ont été ajoutés pour la saison 2017. Dès le début du mois de juin et pendant huit semaines, les plantes présentant des symptômes de dommages causés par la cécidomyie du chou-fleur ont été échantillonnées chaque semaine à chaque site et rapportées à Guelph pour examiner l’émergence des moucherons et des ennemis naturels potentiels. Le but de cette étude en cours est d’identifier la présence de S. myles dans le canola de l’Ontario et de déterminer dans quelle mesure S. myles est capable de parasiter et de contrôler la cécidomyie du chou-fleur.
Une enquête sur les régions provinciales productrices de canola pour déterminer l’aire de répartition de S. myles a également été effectuée en 2017. Des installations de 24 autres sites ont été recueillies une ou deux fois entre juin et juillet dans les régions du district de Nipissing, district de Temiskaming, Timmins, région d’Ottawa et les comtés de Renfrew, Peterborough, Bruce et Wellington.
S. myles n’est pas originaire du Canada. Ce n’est pas non plus un parasitoïde spécifique à la cécidomyie du chou-fleur; il parasitera également d’autres espèces de moucherons. La guêpe pond ses œufs dans les larves de la cécidomyie du chou-fleur, ce qui signifie que le ravageur est déjà présent sur les plants de canola et que certains dommages aux cultures ont déjà eu lieu. Ces facteurs signifient que S. myles ne sera pas une solution miracle pour lutter contre la cécidomyie du chou-fleur et empêcher les dommages aux cultures, mais il existe un potentiel pour la guêpe de fournir un certain contrôle des populations de cécidomyie du chou-fleur. Pour un contrôle efficace de la cécidomyie du chou-fleur, plusieurs tactiques qui contribuent à réduire les populations et le potentiel de croissance de la population sont nécessaires.
Figure 3. Les points de croissance des plants de canola échantillonnés, où la cécidomyie du chou-fleur pond habituellement des œufs, ont été placés dans des contenants de terre et surveillés pour en relever les insectes émergents. Photo : Charles-Etienne Ferland, UG
Les guêpes femelles de S. myles pondent leur œuf à l’intérieur de la larve de la cécidomyie du chou-fleur, qui continue de se développer avec la guêpe se développant à l’intérieur. Finalement, la larve de la cécidomyie du chou-fleur parasitée tombe sur le sol pour former un cocon dans la terre comme elle le ferait normalement. Cependant, une guêpe S. myles émergera plutôt qu’une cécidomyie du chou-fleur adulte. Les points de croissance des plants de canola (le site ciblé par la cécidomyie du chou-fleur pour la ponte) recueillis lors de l’enquête ont été mis en terre dans des contenants fermés (figure 2, 3) et le nombre de cécidomyies adultes et de S. myles émergés a été compté. De cette manière, le taux de parasitisme de la guêpe a été déterminé.
En 2016, S. myles a été trouvé dans les quatre sites près de Shelburne / Orangeville et était présent pendant 4 à 6 semaines de la période d’échantillonnage de 8 semaines. La guêpe a généralement été détectée 1 à 2 semaines après la première apparition de la cécidomyie du chou-fleur. Des niveaux relativement élevés de parasitisme ont été observés en 2016; sur l’ensemble des sites au cours de la semaine du 7 juillet, il y avait en moyenne 27,9 % de parasitisme. Il y avait en moyenne 9 % de parasitisme par champ, un site atteignant 20 % de parasitisme de la cécidomyie du chou-fleur. Ces niveaux sont relativement élevés par rapport aux observations de S. myles en Europe et à d’autres types de parasitoïdes non spécifiques. Cependant, en 2017, l’abondance de S. myles était beaucoup plus faible, le taux de parasitisme le plus élevé n’atteignant que 4,1 %. Les différences environnementales et les différences entre chaque champ entre 2016 et 2017 ont probablement affecté les populations de cécidomyie et d’insectes bénéfiques.
L’enquête provinciale sur les régions productrices de canola a mené à la détection de la guêpe autour de New Liskeard et de l’ouest de Nipissing. Là où S. myles était présent, le pourcentage de parasitisme variait de 0,4 à 7,5 %. Les résultats sont prometteurs au sens où les espèces non indigènes bénéfiques sont recensées même dans les régions les plus au nord selon des procédures d’échantillonnage assez limitées. Il est probable que S. myles se trouve sur davantage de sites que ceux montrés dans les résultats, car l’échantillonnage était limité en ce qui concerne le de nombre de fois où un site a été échantillonné et le nombre de plantes collectées durant la saison.
Bien que S. myles soit le seul parasitoïde de la cécidomyie du chou-fleur officiellement identifié en Ontario à ce jour, chacune des guêpes récoltées jusqu’à maintenant doit encore être examinée individuellement pour confirmer son identité. Comme d’autres guêpes parasites ressemblent à S. myles, il est possible que d’autres espèces soient présentes en Ontario et servent d’agents de lutte biologique contre la cécidomyie du chou-fleur. À ce jour, les taux de parasitisme observés sont bien plus faibles que ceux requis pour suffisamment contrôler à eux seuls la cécidomyie du chou-fleur afin d’empêcher la perte de rendement. De multiples approches seront toujours nécessaires pour contrôler ce ravageur difficile à maîtriser dans le canola. Cependant, la poursuite des recherches sur les facteurs environnementaux affectant la présence et l’abondance des parasitoïdes, et sur l’impact des pratiques en gestion des cultures sur les insectes bénéfiques pourraient améliorer l’emploi de ces insectes utiles et augmenter les taux de parasitisme. Peut-être qu’avec le temps, la distribution et la population de cette guêpe non indigène augmenteront. Nous prendrons toute l’aide possible pour contrôler la cécidomyie du chou-fleur.
Tags : insectes bénéfiques, cécidomyie du chou-fleur, guêpe
Écrit par Meghan Moran, spécialiste en canola et en légumineuses comestibles
Traduit de l’anglais par Charles-Étienne Ferland, candidat à la maîtrise à l’Université de Guelph
Swede midge continues to pose a significant threat to canola production in Ontario. Based on farmers’ experience with the pest and the difficulty of controlling swede midge through insecticide applications alone, it is clear that multiple tactics are required for successful swede midge management. Beneficial insects that parasitize swede midge could be valuable in controlling the pest. Knowledge of the presence and activity of parasitoids will lead to refined integrated pest management strategies.
A survey of oilseed rape in Europe in 2008-2011 identified some possible beneficial insects including the parasitic wasp Synopeas myles (Figure 1). Surveys in Ontario, conducted by Dr. Rebecca Hallett’s research team at University of Guelph, have shown that this insect is present in Ontario as well.
In 2016, sampling for beneficial insects that parasitize swede midge was initiated. The search was originally focused near Shelburne/Orangeville, because this is one of the first areas where swede midge was found. It has been a perennial problem in canola in this area ever since, making it a likely place to find beneficial insects. Sampling was conducted at four sites near Shelburne/Orangeville in 2016, and sites near Meaford and Elora were added for the 2017 season. Starting in early June and continuing for 8 weeks, plants showing symptoms of swede midge damage were sampled weekly at each site and brought back to Guelph to monitor emergence of midges and potential natural enemies. The goal of this ongoing study is to identify the presence of S. myles in Ontario canola, and to determine to what degree S. myles is able to parasitize and control swede midge.
A survey of provincial canola growing regions to determine the range of S. myles was also conducted using similar sampling procedures in 2017. Plants at 24 additional sites were collected once or twice during June to July, in the areas of Nipissing District, Temiskaming District, Timmins, Ottawa Region, and the counties of Renfrew, Peterborough, Bruce, and Wellington.
S. myles is not native to Canada. It is also not a specific parasitoid of swede midge; it will also parasitize other types of midges. The wasp lays its eggs within swede midge larvae, meaning the pest is already present on canola plants and some crop damage may have already occurred. These factors mean that S. myles will not be a silver bullet in controlling swede midge and preventing crop damage, but there is potential for the wasp to provide some control of swede midge populations. For effective control of swede midge, multiple tactics which all help to reduce populations and the potential for population growth are needed.
Female wasps of S. myles lay their egg right inside the swede midge larva, which continues to develop with the wasp growing inside. Eventually the parastized swede midge larva drops to the ground to form a cocoon in the soil as they normally would. However, an S. myles wasp will emerge rather than an adult swede midge. Growing points of canola plants (the site targeted by swede midge for egg laying) collected in the survey were set in soil in closed containers (Figure 2), and the number of adult swede midge and S. myles that emerged were counted. In this way the percent parasitism by the wasp was determined.
In 2016, S. myles was found at all four sites near Shelburne/Orangeville, and was present for 4 – 6 weeks of the 8 week sampling period. The wasp was typically first detected 1 – 2 weeks after swede midge first emerged. Relatively high levels of parasitism were observed in 2016; across all sites during the week of July 7th there was an average of 27.9% parasitism. There was an average of 9% parasitism per field, with one site reaching 20% parasitism of swede midge. These levels are relatively high compared to observations of S. myles in Europe, and other types of non-specific parasitoids. However, in 2017 abundance of S. myles was much lower, with the highest parasitism rate reaching only 4.1%. Environmental and individual field differences between 2016 and 2017 likely affected both the midge and beneficial insect populations.
The provincial survey of canola-growing areas led to the detection of the wasp around New Liskeard and West Nipissing. Where S. myles was present, percent parasitism ranged from 0.4 – 7.5%. The results are promising in that the non-native beneficial is being found in more northern regions under fairly limited sampling procedures. It is likely that S. myles is located at more sites than shown in the results, since sampling was limited in terms of both the number of times a site was sampled and the number of plants collected during the season.
Although S. myles is the only parasitoid of swede midge officially identified in Ontario to date, each of the wasps collected so far still need to be examined individually to confirm its identity. Since there are other parasitic wasps that look like S. myles, it is possible that additional species are present in Ontario and serving as biological control agents against the swede midge. To date, the observed levels of parasitism are much lower than those required to control swede midge sufficiently to prevent yield loss on their own. Multiple approaches will always be required to control this difficult pest in canola. However, continued research on the environmental factors affecting parasitoid presence and abundance, and the impact of crop management practices on the beneficial, could lead to improved stewardship of these helpful insects and higher rates of parasitism. Maybe in time the distribution and population of this non-native wasp will increase. We will take all the help we can get in controlling swede midge.