On peut lutter contre la pourriture à sclérotes dans le soya
La pourriture à sclérotes (sclérotiniose) peut être l’une des maladies les plus dévastatrices du soya. L’ampleur des pertes de rendement dépend en grande partie de la « charge » de l’inoculum présente dans un champ et des conditions météorologiques qui prévalent au moment de la floraison du soya. Si cette maladie avait déjà été problématique dans un champ, les organes (les sclérotes) de l’agent pathogène qui survivent à l’hiver seront présents dans le sol. Si le temps est frais et humide (humidité relative élevée), les spores sont expulsées et infectent les plants de soya en fleurs (figure 1). Les trois facteurs doivent être réunis pour qu’une infestation grave se produise dans un champ de soya, c’est-à-dire des sclérotes qui passent l’hiver dans le sol, des plants de soya vulnérables durant la floraison et du temps relativement frais et humide durant la période d’infection. Le meilleur moyen de réduire radicalement les pertes dues à la pourriture à sclérotes est de lutter contre la maladie sur les trois fronts. Les producteurs qui ont utilisé de multiples stratégies ont été en mesure de limiter les pertes de rendement attribuables à la pourriture à sclérotes.
1. Réduire la « charge » de l’inoculum de sclérotes dans le sol
Une bonne proportion de sclérotes va naturellement mourir s’ils sont laissés à la surface du sol. Cela signifie que les champs où la pourriture à sclérotes est importante ne devraient pas être travaillés après la récolte. De plus, cette maladie devrait être moins répandue dans les champs ensemencés en semis direct puisqu’une plus grande partie de sclérotes va mourir à la surface du sol au printemps et en début d’été. En effet, la croissance des plants de soya en semis direct est moins vigoureuse, et le couvert végétal est donc moins luxuriant, les plants sont plus courts et l’humidité relative y est moins élevée.
Le meilleur moyen de réduire la quantité d’inoculum dans un champ est de semer moins de cultures vulnérables dans les rotations. Plus on laisse d’années entre les cultures vulnérables, comme le soya, les haricots comestibles et le canola, moins la pression exercée par la maladie sera forte.
2. Semer des cultivars de soya moins vulnérables et protéger les plants avec des fongicides
La vulnérabilité à la pourriture à sclérotes varie selon les cultivars. De nombreux gènes du soya procurent un certain degré de tolérance et on tente actuellement, dans le cadre de bon nombre de programmes de sélection génétique, d’inclure davantage de ces caractéristiques dans les cultivars de soya. Les fournisseurs de semences offrent souvent des évaluations de tolérance à la pourriture à sclérotes, mais rappelons qu’il n’existe pas de système de notation standard. Ces évaluations ne peuvent donc être utilisées qu’à titre indicatif et ne sont pas toujours fiables. Malheureusement, des données valables sur la pourriture à sclérotes basées sur de nombreuses années ne sont simplement pas disponibles pour bon nombre de cultivars.
Le soya semé très tôt (fin avril) présente parfois moins de pourriture à sclérotes. En effet, les plants semés tôt sont plus courts que ceux qui sont semés au milieu de mai, et leur floraison peut se terminer avant les pluies de la fin août. Le recours à des fongicides foliaires est devenu une composante importante des pratiques de gestion optimales dans le soya. Leur utilisation a permis d’obtenir des hausses de rendements allant jusqu’à 12 boisseaux/acre quand une ou deux applications sont effectuées durant la floraison alors que les conditions sont favorables à l’infection. Il est important de se rappeler que ces fongicides ne procurent qu’une maîtrise partielle de la pourriture à sclérotes et qu’ils ne l’élimineront pas complètement en présence d’infection grave, mais s’ils sont utilisés parallèlement à d’autres pratiques de gestion optimales, ils peuvent se révéler d’un grand secours.
3. Réduire nettement les taux de semis
Il est indispensable de garder le couvert végétal et la surface du sol aussi secs que possible durant la période d’infection. On peut y parvenir en réduisant la densité de peuplement, laquelle contribuera aussi à diminuer la transmission de la maladie entre les plants. Des parcelles moins denses vont aussi diminuer les risques de verse. Dans le cadre de deux essais sur le dosage réalisés dans des fermes au Michigan où la pourriture à sclérotes était présente, de plus faibles taux de semis ont été associés à des hausses de rendement et de profits (tableau 1). La pourriture était présente, quelle que soit la largeur entre les ranges, même si ces derniers étaient très espacés. Des rangs espacés de 30 pouces ont donné de bons résultats dans les champs ayant des antécédents de sclérotiniose grave, surtout dans les régions où les UTC sont suffisantes ou lorsque les types de sols permettent une fermeture des rangs au stade R3. Dans les régions de saison courte, il peut être préférable de garder un espacement de 15 pouces entre les rangs sinon les peuplements seront trop denses, surtout si les semis sont retardés. C’est la densité de peuplement dans l’ensemble qui compte et non pas tant l’espacement entre les rangs. Selon ces essais réalisés au Michigan, dans les champs ayant des antécédents de forte pression exercée par la pourriture à sclérotes, on devrait viser une densité finale d’environ 80 000 à 100 000 plants à l’acre avec des rangs espacés de 30 pouces.
Tableau 1. Effet du taux de semis sur le rendement et les profits à deux sites au Michigan infestés par la pourriture à sclérotes.
Taux de semis
Rendement (boisseaux/acre)
2015 Sanilac
Rendement (boisseaux/acre)
2018 Saginaw
Profits ($US/acre)
2015 Sanilac
Profits ($US/acre)
*2018 Saginaw
80 000
63,2 a
66,2 a
622 $
653 $
100 000
61,1 b
66,5 a
591 $
648 $
130 000
61,5 b
64,3 a
582 $
612 $
160 000
57,9 c
61,2 b
531 $
565 $
PPDS0, 10
1,7
2,4
–
–
*Selon chiffres de 2020 pour le prix des semences (62,00 $ US/140 000 semences) et le prix du marché (10,40 $ US le boisseau). Source : Michael Staton, conseiller soya, Michigan State University Extension.
Résumé
Ce sont les conditions météorologiques durant la floraison qui ont le plus d’effet sur la gravité qu’aura l’infection due à la pourriture à sclérotes dans un champ. Bien qu’il n’y ait pas de moyen d’éradiquer cette maladie, de bonnes pratiques de gestion permettent de réduire considérablement les pertes de rendement.
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This article was written by Horst Bohner, OMAFRA Soybean Specialist, and Paul Sullivan, Sullivan Agro Inc.
White mould can be one of the most devastating soybean diseases growers face. The extent of yield loss is largely dependent on the inoculum “load” of a field and the right weather occurring during soybean flowering. If the disease was previously a problem in a specific field the overwintering bodies (sclerotia) of the disease will be in the soil. If the weather is cool and wet (high relative humidity) spores are expelled to infect flowering soybean plants (Figure 1). That means all three factors must be in place to have a severe infestation in a soybean field; overwintering sclerotia in the soil, a soybean plant that is susceptible during flowering, and relatively cool, wet conditions during the infection period. The best way to drastically reduce white mould losses is to fight the disease on all three fronts. Growers that have implemented multiple strategies have been able limit the yield reductions that white mould has caused in the past.
1. Reducing the inoculum “load” of sclerotia in the soil
A large percentage of sclerotia will naturally die if left on the soil surface. This means that fields with significant amounts of white mould should not be tilled after harvest. In addition, no-till soybean growers will also have less white mould because more of the sclerotia die off on the surface during the spring and early summer. No-till soybeans also have less vigorous growth, so the canopy is less rank, shorter in stature and maintains lower relative humidity.
The most effective way to reduce the inoculum load in a field is to grow fewer susceptible crops in the rotation. The more years between susceptible crops like soybeans, edible beans, and canola the less disease pressure there will be.
2. Plant less susceptible soybean varieties and protect plants with fungicides
There are differences in variety susceptibility to white mould. There are multiple genes that provide some level of resistance and many soybean breeding programs are now attempting to include more of these traits. Seed companies often provide white mould ratings, but it must be noted that there is no standardized rating system. This means the scores can only be used as a general guide and are not always reliable. Unfortunately, good multi-year white mould data is simply not available for many varieties.
Soybeans planted very early (late April) sometimes have less white mould. This is largely because the plants are physically shorter than those planted in the middle of May, and the beans may finish flowering before late August rains. Foliar fungicides have developed into a major component in soybean best management practices. Their use has resulted in yield improvements of up to 12 bu/ac when 1 to 2 passes are applied during flowering when conditions favor mould infection. It is key to remember that these fungicides only suppress white mould and will not control it under severe conditions, but when used with other best management practices they can be a huge help.
3. Drastically Reducing Seeding Rates
It’s essential to keep the canopy and soil surface as dry as possible during the infection period. Reduced plant stands will achieve this goal and will also lower the amount of plant to plant transmission. Thinner stands will also decrease lodging. In two Michigan on-farm planting rate trials where white mould was present, lower seeding rates increased yields and profits (Table 1). All row widths including wide rows get white mould. Planting in 30 inch rows has been deemed a good practice for fields with a history of severe white mould pressure, especially in areas that have sufficient CHU’s or soil types to close the canopy by R3. Short season areas may be better to stick with 15-inch rows or they will give up too much yield, especially if planting is delayed. The overall plant population is what matters, not so much the row spacing. Fields with a history of high white mould pressure should aim for a final plant stand of approximately 80,000 to 100,000 plants per acre in 30-inch rows based on these Michigan trials.
Table 1. Soybean planting rate effects on yield and income at two Michigan locations infested with white mould.
Planting rate
Yield (bushels per acre)
2015 Sanilac
Yield (bushels per acre)
2018 Saginaw
Income ($ per acre US)
2015 Sanilac
Income ($ per acre US)
*2018 Saginaw
80,000
63.2 a
66.2 a
$622
$653
100,000
61.1 b
66.5 a
$591
$648
130,000
61.5 b
64.3 a
$582
$612
160,000
57.9 c
61.2 b
$531
$565
LSD0.10
1.7
2.4
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*Using 2020 figures for seed cost ($62.00 US/ 140,000 seed unit) and market price ($10.40 US per bushel). Source: Michael Staton, Soybean Educator, Michigan State University Extension.
Summary
The weather during flowering plays the biggest role in determining how bad white mould will get in an infected field. Although, there is no way to eradicate white mould, careful management will drastically reduce yield losses.