Introduire du foin dans une rotation de culture commerciale
Christine O’Reilly, spécialiste de la culture des fourrages et des animaux de pâturage, MAAARO
La présence de cultures fourragères vivaces dans les rotations est meilleure pour la santé du sol que n’importe quelle culture de couverture, en raison de leurs racines vivantes qui restent beaucoup plus longtemps dans le sol. Les prix du foin ont été élevés au cours des dernières années et il existe toujours un marché pour le foin de bonne qualité. Une étude de faisabilité réalisée par la Ontario Hay and Forage Co-op a montré qu’il peut être aussi profitable de faire pousser du foin vendu au prix de 260 $/tonne (0,12 $/lb) que de cultiver du maïs ou du soya. Selon l’abondance de l’offre, les prix du foin varient selon les marchés locaux ontariens et d’une année à l’autre. Toutefois, les marchés des primeurs sont beaucoup plus stables, comme celui pour les troupeaux laitiers, les chevaux et le foin de qualité destiné à l’exportation. Si les producteurs peuvent satisfaire aux exigences des acheteurs au sein d’un marché de primeurs, le foin peut être une excellente culture commerciale.
Les producteurs doivent toutefois avoir une bonne connaissance de leur marché avant de cultiver du foin. La « qualité » n’a pas la même signification pour tous. En effet, les acheteurs tentent de faire correspondre la valeur nutritive du foin aux besoins nutritionnels des animaux à qui il est destiné. Le marché des ruminants valorise le foin riche en protéines et en fibres hautement digestibles, alors que celui des chevaux valorise le foin souple, vert, exempt de poussières et plus mûr. Les acheteurs internationaux ont tous leurs propres critères de ce qu’est un foin de bonne qualité. Les producteurs qui envisagent de cultiver du foin en tant que culture commerciale devraient d’abord s’entendre avec des acheteurs potentiels pour connaître ce qu’ils recherchent et trouver le marché qui convient aux conditions de leur exploitation. Pour accroître les chances de réussite, ces démarches devraient s’effectuer même avant d’acheter le matériel et de semer quoi que ce soit.
Faire le saut
On peut introduire à faible coût du foin dans la rotation en échangeant ou louant des superficies à un producteur de foin ou en vendant du foin debout. Cette manière de faire convient mieux aux exploitations dont les voisins possèdent du bétail et du matériel de récolte. L’échange ou la location de superficies permet aux deux producteurs concernés de poursuivre leur spécialisation, tout en faisant bénéficier le sol de la présence d’une culture fourragère. La vente de foin debout permet d’utiliser le matériel requis pour l’ensemencement et la fertilisation que l’exploitation détient déjà tout en transférant la responsabilité de la récolte à l’acheteur. Idéalement, le prix du foin debout devrait couvrir les coûts requis pour établir et produire la culture, y compris le prélèvement des éléments nutritifs, et un peu de profit. Toutefois, le prix local du foin en balles et des autres ingrédients de l’alimentation animale auront un effet sur le prix que l’éleveur souhaite payer. On peut donc s’attendre à ce qu’une entente sur un prix équitable demande un peu de négociation.
Le partage de la récolte avec des producteurs ayant les mêmes besoins est une autre façon de monter une entreprise de foin dans une exploitation de grandes cultures. Le travail en collaboration réduit le coût de l’investissement initial dans le matériel requis pour la culture du foin, puisque chaque partenaire achète une part de ce que le groupe a besoin. En plus, on dispose ainsi d’une équipe pour la récolte, la mise en balles et le chargement qui peuvent ainsi se faire plus rapidement, ce qui réduit les dommages à la repousse causés par le passage de la machinerie.
Si la mise en marché du foin ne vous tente pas…
D’autres solutions sont offertes aux producteurs qui souhaitent seulement produire du foin de qualité et en laisser la commercialisation à d’autres. Bon nombre de membres de l’Ontario Hay Marketing Forum sont des courtiers en plus d’être des producteurs agricoles. Ils ont des clients un peu partout Amérique du Nord, et ils recherchent du foin de qualité qu’ils achètent souvent auprès d’autres producteurs pour répondre à leurs commandes. On peut trouver les coordonnées des personnes-ressources des membres de ce forum à https://onforagenetwork.ca/ontario-forage-council/ontario-hay-marketing-forum/
Les transformateurs qui mettent le foin en cubes ou en granules pour le marché équin ou celui des animaux de compagnie offrent des contrats aux producteurs. Comme pour les autres cultures sous contrat, ils précisent les paramètres de qualité qu’ils souhaitent retrouver dans le foin. De bons conseils agronomiques sont importants pour être en mesure de répondre aux spécifications. Certains transformateurs mandatent leurs propres agronomes alors que d’autres ont recours à des services extérieurs pour donner des conseils aux producteurs. Les producteurs intéressés peuvent communiquer directement avec les transformateurs afin de vérifier les possibilités de contrats offerts.
L’Ontario Hay & Forage Co-operative recherche des membres qui souhaitent produire du foin pour des marchés internationaux. Ce groupe de producteurs sait ce que les acheteurs du Moyen-Orient recherchent, et la coopérative a mis en place un réseau de producteurs et d’installations de transformation pour satisfaire aux critères de ces clients. Leur système est axé sur l’usage de séchoirs à foin qui éliminent les risques climatiques associés à la fabrication de foin sec. Les balles sont ensuite doublement compactées en vue d’introduire le plus de foin possible dans les conteneurs utilisés pour l’expédition. Pour en savoir davantage sur la coopérative et leurs activités, consulter https://onforagenetwork.ca/ontario-hay-forage-co-operative-inc/
Il existe plusieurs manières de se lancer dans la commercialisation du foin tout en tenant compte de la taille de l’exploitation, des niveaux d’investissement souhaités dans le matériel ainsi que de l’ampleur des démarches consenties pour la commercialisation. Du foin produit pour obtenir un prix de primeur exige le même niveau de gestion que pour d’autres cultures de primeur (comme le soya ÌP par exemple), mais il offre en plus des avantages pour la santé du sol que ne peuvent pas procurer les cultures annuelles.
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Christine O’Reilly, Forage and Grazing Specialist , OMAFRA
The soil health benefits of having a perennial forage in the crop rotation are better than any cover crop, because its living roots are in the soil for much longer. Hay prices have been strong over the last couple of years, and there is always a market for high-quality hay. A feasibility study done by the Ontario Hay and Forage Co-op revealed that hay worth $260/tonne ($0.12/lb) can be as profitable as growing corn or soybeans. Based on supply, local markets vary across Ontario and year-to-year in terms of hay prices, but premium markets are much more stable – think dairy, horse, and export-quality hay. If growers can meet the specifications of buyers in a premium market, hay can be an excellent cash crop.
Producers must understand their market before they start growing hay. “Quality” means different things to different people, because buyers are trying to match the nutritional value of the hay with the nutritional needs of the livestock they are feeding. Ruminant markets value high protein and high digestible fibre, while horse markets value soft, green, dustfree hay that’s more mature. International buyers all have their own criteria of what good quality hay should be. Producers considering hay as a cash crop should talk to potential buyers to find out what those buyers are looking for and which market is the right fit for their operation – even before they buy equipment or plant anything – to set themselves up for success.
Taking the plunge
A low-cost way to get hay into the rotation is to trade acres, rent acres to a hay grower, or sell standing hay. This works best for operations whose neighbours have livestock and harvesting equipment. Trading acres or renting out the land lets both producers continue to specialize, while the land gets the benefit of the forage crop. Selling standing hay uses the planting and fertilizing equipment the crop operation already has but shifts the responsibility of harvest onto the buyer. Ideally, the price for standing hay should cover the costs of establishing and growing the crop – including nutrient removal – and add a little bit of profit. However, the local price of baled hay and other feedstuff will influence how much a livestock producer is willing to pay, so a fair price for both parties may take a bit of negotiation.
Share-cropping with some like-minded producers is another way to build a hay enterprise on a crop farm. Working together lowers the initial investment in hay equipment, because each partner buys some of what the pair/group needs. It also builds in a harvest crew that can bale and load up the hay quickly, which minimizes wheel traffic damage to the regrowth.
If marketing hay is not appealing…
There are options for producers who just want to grow a great crop and leave the marketing to someone else. Many members of the Ontario Hay Marketing Forum are brokers as well as growers. They have clients all over North America looking for quality hay and often buy from other farmers to fill orders. Contact information for forum members can be found at https://onforagenetwork.ca/ontario-forage-council/ontario-hay-marketing-forum/
Processors that cube or pelletize hay for the horse and pet feed markets offer contracts to growers. Like other contracted crops, they specify the quality parameters the hay needs to meet. Agronomy support is a key component of meeting those crop specifications. Some processors send out their own agronomists, while others use a third-party service to give their growers advice. Interested growers should contact processors directly to see if they have contracts available.
The Ontario Hay & Forage Co-operative is recruiting members to grow hay for overseas markets. This group of producers understand what buyers in the Middle East are looking for and are developing a network of growers and processing facilities to meet those criteria. Their system revolves around using hay dryers to remove the weather risks associated with making dry hay, then double-compacting the bales to fit the most hay possible into a shipping container. More information about the co-op and their activities can be found at: https://onforagenetwork.ca/ontario-hay-forage-co-operative-inc/
There are many options for getting into the hay business that suit different sized farms, equipment investments, and amounts of marketing effort. Hay that commands a premium price takes the same level of management as other premium crops (e.g. IP soybeans), but it also offers soil health benefits that cannot be matched by annuals.