Les mouchetures physiologiques semblent récurrentes dans le blé d’automne depuis quelques années. Il est difficile de prévoir l’apparition de ce désordre avec précision, mais ces mouchetures ont tendance à se manifester lorsque des périodes prolongées de temps couvert sont suivies de jours ensoleillés. Les cuticules des feuilles de blé peuvent être minces en raison du temps nuageux, puis lorsque le temps redevient ensoleillé, les radicaux libres (qui sont faits d’atomes instables) se forment dans la feuille et causent les mouchetures (figure 1).
Selon des observations effectuées sur le terrain en 2019 et 2020, l’apparition de mouchetures semble varier selon les cultivars, certains y étant beaucoup plus vulnérables que d’autres. Jusqu’à maintenant, peu de pertes de rendement ont été signalées surtout lorsqu’il y a très peu de mouchetures où qu’elles se manifestent à partir de la sortie de la feuille de l’épi et après. Il peut toutefois y avoir des pertes de rendement quand les mouchetures apparaissent à un stade de croissance antérieur ou quand les feuilles deviennent complètement brunes (figure 2).
Quelques signes caractéristiques peuvent aider, au moment de l’inspection des champs à établir s’il s’agit d’une maladie ou de mouchetures physiologiques. Vérifiez d’abord à quel point les symptômes se manifestent uniformément dans la parcelle. Les mouchetures ont tendance à apparaître de manière beaucoup plus uniforme comparativement aux maladies. Deuxièmement, les signes de maladies sont habituellement visibles en premier dans le bas des plants et se déplacent vers le haut, ce qui n’est pas le cas des mouchetures. En cas de doute, faits parvenir des échantillons de feuilles à un laboratoire de diagnostic phytosanitaire pour les faire analyser.
Bien qu’on ait signalé peu de pertes de rendement, les mouchetures physiologiques inquiètent les producteurs qui cherchent à savoir comment lutter contre ce trouble. Les fongicides ne sont pas efficaces pour le prévenir ou y remédier et on doit éviter les applications inutiles. Des recherches menées aux États-Unis et dans l’Ouest du Canada ont montré que l’épandage d’un engrais contenant du chlorure réduisait les mouchetures physiologiques dans le blé d’automne. Des essais réalisés au Montana ont permis de constater que les plants contiennent suffisamment de chlorure pour subvenir à leurs besoins quand la concentration en chlorure dans le plant entier était supérieure à 0,40 % au stade l’épiaison. Par contre, des applications d’engrais contenant du chlorure ont permis des hausses moyennes de rendement de 5,1 boisseaux/acre dans le cas des plants dont la concentration en chlorure à l’épiaison était inférieure à 0,10 %. Les chercheurs ont également constaté que des teneurs de 32 lb/acre ou plus de chlorure assimilable dans le sol étaient requises pour obtenir une concentration de 0,40 % de chlorure dans le plant entier.
De telles études n’ont pas encore été réalisées en Ontario, mais on croit que les producteurs qui ont observé des mouchetures physiologiques dans leurs champs devraient appliquer du chlorure en bandes d’essais pour cette saison de croissance. Il serait idéal de faire l’essai d’application à l’automne au moment des semis, mais il peut valoir la peine de tenter d’épandre en surface du KCl ou du MgCl2 avant la repousse au printemps. On recommande une application de 20 à 40 lb/acre de chlorure dans des bandes répétées (figure 3). Du KCL peut être épandu dans les champs qui présentent des concentrations adéquates de K et on peut appliquer du MgCl2 dans ceux qui contiennent moins de K à la condition que les concentrations en MG soient adéquates. Ces directives permettent d’isoler l’effet de la composante chlorure dans l’engrais.
Si vous effectuez de tels essais en bandes à la ferme, veuillez communiquer avec Joanna Follings, spécialiste de la culture des céréales, MAAARO, à joanna.follings@ontario.ca ou composez le 519 400-7124.
Engel, R.E., Bruckner, P.L., Mathre, D.E. et Brumfield, S.K.Z. (1997), A Chloride Deficient Leaf Spot Syndrome of Wheat. Journal de la Soil Science Society of America, 61: 176-184.
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There has been a reoccurring phenomenon in winter wheat the last few years known as physiological flecking. While not exactly predictable, physiological flecking tends to occur if it is cloudy for an extended period followed by sunny periods. The wheat leaf cuticles can be thin due to the cloudy conditions, and when conditions turn sunny free radicals (unstable atoms) form in the leaf and cause flecking (Figure 1).
Based on field observations in 2019 and 2020, the flecking appears to be variety dependent with some varieties being much more susceptible than others. To date, there have been few reports of yield loss especially if it is minimal and occurs at the flag leaf stage or later. However, where physiological flecking occurs earlier in the growth stages or where the leaves turn completely brown, there can be yield losses (Figure 2).
When walking wheat fields or trying to determine whether it is in fact a disease versus flecking there are a few things that can help you distinguish between the two. The first being the uniformity of the symptoms across a field. Flecking tends to be much more uniform across the entire field compared to diseases. Secondly, diseases tend to start at the bottom of the plant and move upwards unlike flecking. If you are ever in doubt, consider sending samples to a lab for disease analysis.
While there have been minimal yields losses reported, growers are concerned with the flecking and what can be done to manage it. Fungicides are not effective in the prevention or remediation of physiological flecking and unnecessary applications should be avoided. Research out of the U.S. and western Canada has shown that with the application of a chloride fertilizer there was a decline of physiological flecking in winter wheat. Research from Montana suggests “that plants have adequate chloride nutrition when whole-plant chloride concentrations were greater than 0.40% at heading. Plants with heading chloride concentrations below 0.10 percent generally responded to chloride applications with an average 5.1 bushels per acre yield increase.” They also found that soil test levels of 32 pounds per acre or more available chloride were required to achieve the 0.40 percent whole plant chloride concentration.
While this work has not yet been conducted in Ontario it is suggested that growers who have experienced physiological flecking should try some chloride test strips on their farm this growing season. While it would be ideal to test applications in the fall at planting, topdressing with some KCl or MgCl2 prior to regrowth this spring may be something worth exploring. An application of 20 to 40 lbs/ac of chloride in replicated strips across the field is recommended (Figure 3). For those fields with adequate K soil test levels they can use KCl and for fields with lower testing K, growers can consider an application of MgCl2 as long as their Mg levels are adequate. Following these guidelines isolates the effect of the chloride component.
For anyone conducting strip trials on-farm please contact Joanna Follings, Cereals Specialist, OMAFRA at joanna.follings@ontario.ca or 519-400-7124.
Engel, R.E., Bruckner, P.L., Mathre, D.E. and Brumfield, S.K.Z. (1997), A Chloride?Deficient Leaf Spot Syndrome of Wheat. Soil Science Society of America Journal, 61: 176-184.